lundi 17 juin 2013

Le divorce entre l'élite et la base!!!

Le divorce entre l’élite politique et la base !!! 
Par Ali ABDOU MDAHOMA

L’attente du peuple comorien concernant la lutte contre la corruption est immense. C’est pourquoi l’on comprend aisément que l’exigence civique pour la majorité des électeurs, mais également le respect des engagements pris par les hommes d’État en période électorale fassent partie des remèdes réels ou supposés tels pour restaurer la confiance entre les élus et les électeurs, entre les «élites» et la base. Les citoyens montrent clairement combien la corruption et le manque de confiance envers les hommes d’État sont liés dans la perception, positive ou négative, qu’ils ont des hommes politiques.

L’électeur comorien adapte son choix conjoncturel en fonction des problèmes économiques et sociaux, mais aussi en tenant compte des affinités politiques et des relations sociales qu’il entretient avec un candidat. Il lui arrive de définir son choix en fonction de la «loi de l’offre et de la demande», en s’offrant au «plus offrant», prosaïquement pour un billet de 1000 francs ou de 10.000 francs. On assiste à l’émergence d’une structure mentale à géométrie variable. Pour preuve, l’électeur comorien met en avant ses intérêts dans la gestion de son quotidien et évoque ses préoccupations domestiques de tous les jours. Tout cela se passe dans un pays où, s’agissant des denrées de première nécessité, le prix est passé du simple au triple entre 2000 et 2012, alors que les revenus moyens des Comoriens restent au même niveau, traduisant une grave érosion du pouvoir d’achat et une paupérisation de la classe moyenne composée en majorité par les fonctionnaires de l’Etat. En même temps, on nous apprend que de nouvelles mesures de régulation sont prises tous les ans par les membres de l’exécutif du gouvernorat de Ngazidja, sans que le panier de la ménagère ne puisse en ressentir les effets de manière positive.

En effet, faire face aux prix des denrées de première nécessité constitue une gageure, un défi majeur à relever tous les jours pour la majorité des Comoriens. Chaque mois de Ramadan, les prix baissent comme par hasard mais, au lendemain de l’Aïd-el-fitr, chacun peut fixer ses prix en fonction de sa convenance, et en privilégiant une tendance haussière entièrement défavorable aux intérêts des masses populaires. En même temps, par une étonnante gymnastique de l’esprit, tout le monde s’empresse d’aller à la mosquée dès l’apparition du croissant de lune annonçant le début du mois sacré. Mais, comme toujours, après l’Aïd-el-fitr ces étranges Musulmans de Ramadan et de Ramadan seulement rechignent à se prosterner et à conjurer leurs habitudes vicieuses, comme si on est censé être seulement vertueux au mois de ramadan et être vicieux les autres mois. «Le sucre est fermé», dit-on au début du Ramadan, comme si le vice était permis les autres mois de l’année.

Par ailleurs, avant que l’autosuffisance alimentaire ne soit effective dans notre pays, pourquoi ne pas d’abord envisager la sécurité alimentaire et contrôler suffisamment les filières d’importation du riz, ainsi que les contrats signés entre l’État et les sociétés étrangères spécialisées dans la pêche? Certains Députés ont évoqué le manque de transparence dans l’attribution des marchés publics lors des questions-réponses à l’Assemblée nationale de l’Union des Comores. Des services de santé performants et accessibles, une fourniture continue de l’électricité, l’aménagement et le réaménagement des infrastructures routières constituent donc une véritable demande de la majorité des citoyens et des entreprises. Mais, le politicien a-t-il l’oreille pour écouter et les yeux pour voir? Il est difficile de répondre de manière affirmative à la question posée.

La décentralisation et l’autonomie des îles doivent être effectives afin d’endiguer la pauvreté dans les îles d’Anjouan, de Mohéli mais aussi dans les zones rurales de Ngazidja, et ce, par la création d’une proximité réelle entre administration et administrés, et par la création de l’emploi réel en dehors de Moroni, Mutsamudu et Fomboni. Il faut penser à développer l’activité économique et sociale dans d’autres villes et villages pour augmenter l’attractivité au niveau local en termes d’investissements. Ceci ne peut être réalisable que lorsqu’une vraie politique de désenclavement des contrées éloignées de ces capitales soit mise en chantier, comme on l'a déjà évoqué plus haut. Si rien n’est fait dans un avenir proche, la moitié de la population comorienne risque de vivre à Moroni, avec toutes les conséquences négatives que cela suppose en termes de sous-emploi, d’environnement, de logement et surtout d’insécurité.

Sur le «marché politique», la plupart des électeurs attendent de l’application des politiques publiques une amélioration de leurs conditions d’existence au quotidien. Il y a également des électeurs qui exercent leur droit de vote sans attendre une contrepartie à leur participation à cet exercice civique. Ils veulent tout simplement remplir leur rôle de citoyen.

Dr Ali ABDOU MDAHOMA,enseignant à Paris
Source: Mwendje

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